Cession de la résidence principale par un non-résident : l’exonération de la plus-value reconnue !

16 août 2018
Le transfert de domicile hors de France ne fait pas (nécessairement) obstacle à l’exonération de la plus-value de cession de l’ancienne résidence principale située en France.
C’est l’heureuse conclusion à laquelle est arrivé un contribuable ayant mis en vente sa résidence principale, dans le cadre d’un départ professionnel vers la Chine, et ayant finalisé la cession après le transfert de sa résidence fiscale.
Selon l’administration fiscale, le gain réalisé lors de cette vente ne pouvait être intégralement exonéré selon le régime applicable à la cession d’une résidence principale (même si on comprend que le litige ne portait plus que sur les seules contributions sociales).
Le contribuable ne s’est pas laissé découragé par la décision du Conseil Constitutionnel du 27 octobre 2017 (n°2017-668 QPC) selon laquelle la loi pouvait lui refuser l’exonération de la plus-value de cession de la résidence principale en raison de la différence de situation « objective » entre une personne n’ayant pas pu finaliser la vente avant son départ de France et une personne restée en France.
Bien lui en a pris car le tribunal administratif de Versailles a admis (jugement n°1503365 du 26 juin 2018) un autre raisonnement fondé sur le droit de l’Union européenne (UE). Selon le requérant, suivi par les juges, subordonner l’application de l’exonération intégrale de la plus-value de cession de la résidence principale à la condition que le cédant demeure résident fiscal français porte atteinte à la libre circulation des capitaux (qui s’applique au sein de l’UE, mais aussi dans les relations avec des pays tiers à l’UE). En effet, une telle position est de nature à dissuader une personne déménageant hors de l’UE de céder sa résidence principale et, dans cette mesure, à restreindre la circulation du produit de la vente vers son nouveau pays de résidence.
Cette décision de première instance mériterait bien entendu d’être confirmée en appel et/ou cassation. Elle ouvre en tout cas des perspectives intéressantes pour les personnes appelées à s’installer hors de l’UE et qui ne souhaitent pas payer le prix fort lors de la vente de leur résidence principale.
Auteurs
Dimitar Hadjiveltchev, avocat associé en droit fiscal
Rosemary Billard-Moalic, avocate en droit fiscal
Cession de la résidence principale par un non-résident : l’exonération de la plus-value reconnue ! – Article paru dans LesEchosFr le 3 août 2018
Related Posts
L’imposition forfaitaire des sociétés offshore est jugée inconstitutionnell... 10 mars 2017 | CMS FL

Plus-values immobilières des non-résidents : 19 % pour tous ?... 13 mai 2013 | CMS FL
Banquier anglais : la fiscalité française vous souhaite la bienvenue !... 23 juillet 2018 | CMS FL

IFI et biens professionnels : une large exonération… à ce stade... 19 décembre 2017 | CMS FL

Avoirs détenus à l’étranger : l’off-shore se fait cher... 5 août 2013 | CMS FL
Cessions immobilières : comment préserver son gain ?... 19 mai 2014 | CMS FL
Faut-il payer les contraventions de ses salariés ?... 21 mai 2013 | CMS FL
Non-résidents : le délai pour réclamer le remboursement du prélèvement sur ... 13 septembre 2016 | CMS FL

Articles récents
- Violation de la clause de non-concurrence et remboursement de la contrepartie financière : une règle qui s’applique si la clause n’est pas valable
- Transposition de la directive : la transparence des rémunérations dès l’embauche
- Canicule : Nouvelles obligations relatives à la prévention des risques liés à la chaleur au travail
- Ne pas informer son employeur d’une relation intime avec un autre salarié peut justifier un licenciement disciplinaire
- Transparence salariale : la refonte de l’index EgaPro est annoncée
- TVA : véhicules de tourisme mis à disposition des salariés
- Liste des métiers en tension : l’arrêté est publié
- Enquêtes internes : le mode d’emploi de la Défenseure des droits
- Conditions de production d’une preuve illicite ou déloyale : une jurisprudence réaffirmée
- Le déploiement des systèmes d’intelligence artificielle à l’épreuve du droit social