L’actualité récente de la clause de non concurrence
12 juillet 2018
Lorsque le mandataire est en situation de cumul avec un contrat de travail, la clause de non concurrence doit, pour être valable, non seulement être limitée dans son objet, dans le temps et géographiquement, mais également faire l’objet d’une contrepartie pécuniaire.
Il est fréquent qu’un délai soit fixé, soit par le contrat lui-même, soit par un accord collectif, pour permettre à l’employeur de renoncer unilatéralement à son application lors de la rupture du contrat de travail. La fixation du point de départ de ce délai est donc essentielle pour l’usage du droit de renonciation. La Cour de cassation a, à cet égard, précisé par un arrêt du 21 mars 20181 que lorsque le salarié est dispensé d’activité pendant son préavis à l’initiative de l’entreprise, l’employeur doit, s’il entend renoncer à l’exécution de la clause de non concurrence, impérativement le faire au plus tard à la date du départ effectif de l’intéressé de l’entreprise, peu important que le préavis soit toujours en cours.
Par conséquent, en cas de cumul contrat de travail/mandat social, la prudence s’impose en cas de renonciation unilatérale à la clause de non concurrence. En particulier en cas de dispense d’activité pendant le préavis, et que la levée est prévue dans un certain délai « après la cessation des fonctions », il est recommandé de procéder à la levée de la clause de non concurrence dès la notification de la rupture. A défaut, l’employeur est tenu de verser la contrepartie financière de la clause de non concurrence.
Seconde décision intéressante, la Chambre sociale a confirmé par un arrêt du 18 janvier 20182 que la contrepartie de la clause ne pouvait être minorée selon le type de rupture envisagée. Ainsi, que l’on soit en présence d’un licenciement, d’une démission, ou d’une rupture conventionnelle, le même montant doit être versé.
Il importe donc de veiller au respect de la lettre des accords en intégrant ces solutions jurisprudentielles qui peuvent parfois s’en éloigner.
Notes
1 Cass. soc., 2 mars 2018, n°16-21021
2 Cass. soc., 18 janvier 2018, n°18-24002
Auteurs
Pierre Bonneau, avocat associé en droit social
Maïté Ollivier, avocat, droit social
L’actualité récente de la clause de non concurrence – Article paru dans La Lettre des Fusions-Acquisitions et du Private Equity supplément du numéro 1467 du magazine Option Finance le 18 juin 2018
Related Posts
Le droit du travail adapté au droit de l’Union européenne... 10 mars 2023 | Pascaline Neymond
Actionnaires activistes ou actionnaires actifs ?... 25 avril 2018 | CMS FL
Requalification en contrat de travail de la relation entre travailleurs indépen... 22 juillet 2020 | CMS FL Social
Des conditions de renonciation à la clause de non-concurrence... 27 février 2015 | CMS FL
Le périmètre de l’obligation consultative du CE en cas de cession d’une br... 2 novembre 2015 | CMS FL
Pas d’ubérisation du montant des amendes prononcées par la CNIL : les enseig... 30 janvier 2019 | CMS FL
Le sort incertain du licencié dans les procédures collectives... 11 octobre 2018 | CMS FL
Imposition des plus-values : une nouvelle refonte significative... 12 avril 2017 | CMS FL
Articles récents
- Gérant d’une société de l’UES : une fonction incompatible avec tout mandat représentatif au niveau de l’UES
- Sécurisation des différences de traitement par accord collectif, un cap à suivre
- L’obligation de vigilance du maître d’ouvrage ne s’étend pas au sous-traitant du cocontractant
- Prestations du CSE : fin du critère d’ancienneté au 31 décembre 2025
- Cession d’une filiale déficitaire : sauf fraude, l’échec du projet de reprise ne permet pas de rechercher la responsabilité de la société mère
- Repos hebdomadaire : la Cour de cassation consacre la semaine civile
- L’inviolabilité du domicile du télétravailleur
- En cas de refus par le salarié inapte d’un poste de reclassement, le médecin du travail doit être à nouveau consulté !
- Le législateur transpose les accords interprofessionnels sur le dialogue social et l’emploi des salariés expérimentés
- Contrats des joueurs esportifs
