Brexit : des annonces fortes pour renforcer l’attractivité de la place de Paris
17 octobre 2017
A l’heure où nous écrivons cet article1, le Gouvernement a annoncé une série de mesures qui devraient figurer dans les prochains projets de lois (notamment de finances) afin de développer l’attractivité de la place financière de Paris à la suite du Brexit.
S’agissant des aspects de fiscalité des entreprises, la baisse progressive de l’impôt sur les sociétés serait renforcée et la trajectoire pour parvenir au taux de 25% en 2022 (au lieu de 28% en 2020) serait simplifiée. Par ailleurs, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi verrait son taux diminué à 6% de la masse salariale des entreprises pour 2018 et serait remplacé par une baisse de charges sociales de 6% (voire 10%) à compter du 1er janvier 2019.
L’extension de la taxe sur les transactions financières aux transactions intra-journalières prévue par la loi de finances pour 2017 devrait être abandonnée et, sans qu’aucune date d’application ne soit prévue, la tranche supérieure à 20% de la taxe sur les salaires devrait être supprimée. De plus, la contribution additionnelle de 3% au titre des montants distribués devrait également être supprimée.
S’agissant des aspects de fiscalité patrimoniale, un prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux de 30% applicable aux revenus de capitaux mobiliers devrait être mise en place pour les revenus 2018 avec une option pour une imposition au barème de l’impôt sur le revenu. Le PFU ne devrait pas concerner, entre autres, les revenus fonciers.
Le régime fiscal des actions gratuites devrait également être assoupli :
- la contribution patronale serait ramenée de 30% à 20% ;
- les règles d’imposition du gain d’acquisition devrait être modifiées ; et
- le gain de cession serait soumis au PFU.
Par ailleurs, l’impôt sur la fortune devrait être remplacé à compter de 2019 par un impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui exclurait notamment l’immobilier affecté à l’exploitation de l’entreprise.
En outre, des mesures relatives à un « droit à l’erreur » au bénéfice du contribuable de bonne foi dans ses relations avec l’Administration devraient être proposées à l’automne et le taux annuel de l’intérêt de retard de 4,8% pourrait être divisé par deux.
Conscient que le droit social français peut ne pas nécessairement inciter les entreprises du monde de la finance à s’installer en France, le Gouvernement a également fait de substantielles annonces dans ce domaine.
La première consisterait dans l’adoption d’un texte législatif permettant d’exclure les primes et les bonus des traders et des dirigeants de banque du calcul de leurs indemnités de rupture de contrat de travail.
Seconde recommandation en matière de réglementation sociale, celle visant à « instaurer un barème encadrant les indemnités prononcées par le juge en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse, afin de garantir davantage de prévisibilité aux employeurs ». Cette mesure est en cours d’adoption avec l’ordonnance n° 3 portant réforme du droit du travail qui contient un barème d’encadrement des indemnités de licenciement sans cause réelle et sérieuse. Plus généralement, nombre des mesures annoncées dans les ordonnances portant réforme du droit du travail vont dans le sens souhaité par les employeurs.
Précisons enfin que ces différentes dispositions devraient être complétées par d’autres mesures aussi diverses que singulières : création d’une chambre spécialisée à la cour d’appel de Paris permettant de plaider en anglais et de juger en application du droit britannique, simplification du droit financier et du droit des sociétés, etc. Autant de mesures dont il conviendra de s’assurer de l’adoption effective au cours des prochains mois si le Gouvernement veut réellement se donner les moyens d’inciter des entreprises du monde de la finance à s’installer à Paris plutôt qu’à Francfort, Dublin ou Luxembourg.
Note
1 Article rédigé le 7 septembre 2017 pour sa partie sociale et le 18 septembre 2017 pour sa partie fiscale, avant la parution des projets
Auteurs
Pierre Bonneau, avocat associé en droit social
Hubert Bresson, avocat associé en droit fiscal
Brexit : des annonces fortes pour renforcer l’attractivité de la place de Paris – Article paru dans La Lettre des Fusions-Acquisitions et du Private Equity, supplément n°1431 du magazine Option Finance du 2 octobre 2017
Related Posts
Impatriation en France : tour d’horizon du dispositif en matière fiscale... 27 septembre 2016 | CMS FL
La Chambre internationale de la cour d’appel de Paris (CICAP): un bel exem... 27 août 2018 | CMS FL
Sachez tirer parti fiscalement de votre générosité !... 19 mai 2016 | CMS FL
Comment renégocier son accord télétravail ? Conseils pratiques... 21 décembre 2023 | Pascaline Neymond
Dernières évolutions normatives et jurisprudentielles en matière de déductib... 16 octobre 2017 | CMS FL
Note de synthèse du HCJP sur le «Brexit dur» : des risques sur les contrats e... 13 septembre 2018 | CMS FL
ISF : donner peut rapporter ! 20 mai 2016 | CMS FL
Méthodologie pour la note d’information du CE en vue de sa consultation... 11 février 2014 | CMS FL
Articles récents
- Relèvement du SMIC et du minimum garanti au 1er janvier 2026
- Directive Omnibus : Accord du Conseil et du Parlement européen visant la simplification des directives sur le reporting de durabilité et le devoir de vigilance
- Frais de santé : Mise en conformité des contrats au plus tard fin 2026 pour conserver le régime social et fiscal de faveur
- L’interprétation patronale inexacte d’une convention collective est-elle constitutive d’une exécution déloyale ?
- Une proposition de loi pour relancer l’encadrement de l’esport ?
- Gérant d’une société de l’UES : une fonction incompatible avec tout mandat représentatif au niveau de l’UES
- Sécurisation des différences de traitement par accord collectif, un cap à suivre
- L’obligation de vigilance du maître d’ouvrage ne s’étend pas au sous-traitant du cocontractant
- Prestations du CSE : fin du critère d’ancienneté au 31 décembre 2025
- Cession d’une filiale déficitaire : sauf fraude, l’échec du projet de reprise ne permet pas de rechercher la responsabilité de la société mère
